Pour se venger de ne pas avoir été conviée au mariage de Pélée et de Thétis, Eris, la déesse de la discorde, lance dans l'assemblée une pomme d'or sur laquelle est inscrite la devise « À la plus belle ». Aussitôt, Héra, Athéna et Vénus revendiquèrent la supériorité de leur beauté et donc la possession de cette pomme.Pour les départager, Mercure sollicite l'avis du jeune berger Pâris, qui offre la pomme à Vénus car celle-ci lui promet en échange l'amour de la plus belle des mortelles, Hélène. C'est cet instant précis qui est figuré dans le tableau de Rottenhammer. Pâris se désintéresse des corps dénudés des autres déesses, et offre la pomme d'or à Vénus, couronnée par un Amour. Ce motif du couronnement est repris d'une composition de Raphaël, gravée par Raimondi. L'élément le plus curieux de ce tableau est le regard perdu et épuisé de Pâris. Doit-on y voir une annonce des désastres de la guerre de Troie, déclanchée lorsqu'il enlèvera Hélène ? Cette attitude se retrouve dans les tableaux allemands des aînés du peintre (Lucas Cranach l'Ancien, "Le Jugement de Pâris", New York, The Metropolitain Museum of Art). Elle tendra à disparaître dans ses œuvres postérieures (H. Rottenhammer, "Le Jugement de Pâris", Collection privée), à la suite du séjour qu'il passe à Venise (1596-1606). Le contact avec les œuvres de Véronèse et de Titien, marquera sa peinture.