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Sans titre

« Ces peintures ont l’air monochromes. Ce n’est pas mon propos de faire de la monochromie, ni de la polychromie.

J’aime bien la terre mise à nu... Le contraste entre le labour motteux - peut-on dire «motteux ? Je ne crois pas - mais avec un labour qui a été hersé et roulé, c’est déjà quelque chose qui m’incite à prendre un crayon et travailler. Le langage. Ce champ: il est brun. Couleur terre. Je veux bien mais si on regarde de près... Comment dira-t-on la couleur de la route ? Quelle couleur ? Que dire de cette couleur ? La route, cela peut-être le reflet du ciel, la terre aussi... Alors nous sommes dans des tons... Peut-on dire l’innommé ? On est toujours sur la corde raide, on ne peut pas affirmer.

Tu as vu les sillons qui viennent d’être tracés tout autour du champ de maïs ? Avant de penser aux sillons, ce qui m’a frappé, c’est la direction. Elle peut monter, aller sur la droite, aller sur la gauche. Souvent il m’arrive d’appeler un dessin ou un tableau Vers la droite ou Vers la gauche. Cela me semble plus licite que de dire Tas de fumier, Sillons....

On sent l’unité venir petit à petit sur ces vignes... L’unité n’est pas la monotonie. Au fond, l’unité est ce qui permet de percevoir l’aigu, ce qui transporte vraiment, mais en activité...

Ah ! ça, j’aime l’eau et la terre, la boue, j’aime beaucoup la boue. Je peux rester des heures entières auprès d’une flaque d’eau avec la boue. La boue dans les chemins de terre, dans les ornières, il y a toute une vie, ça sert d’abreuvoir aux oiseaux, on voit des empreintes et les empreintes, c’est quelque chose de merveilleux. Toutes les empreintes. Aussi bien celles des pneus de caoutchouc que celles des pieds de chevaux ou de vaches, de chèvres, moutons, oiseaux...

C’est ce contact très intime de la terre et de l’eau qui est propice au repos... donc au travail ! »

Pierre Tal Coat, entretiens avec Edmond Quinche

Pièce unique, signée

1980
Huile sur couvercles de boite à cigare
9.0 x 15.5cm
© Photo: Rebecca Fanuele.
Courtoisie de la Galerie Christophe Gaillard / ADAGP, Paris 2019.

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